France Charancon du Palmier
02/05/14

Charançon rouge du palmier - L'injection en mesure d’urgence

Un arrêté autorise l'endothérapie dans le cadre d'un dispositif expérimental.

Source :ACTUALITE LIEN HORTICOLE de MAI 2012

http://www.lienhorticole.fr/actualites/charancon-rouge-du-palmier-l-injection-en-mesure-d-urgence-57776.html

 

La lutte contre le charançon rouge Rhynchophorus ferrugineus fait l'objet d'une stratégie de lutte obligatoire définie par l'arrêté national du 21 juillet 2010 (...). Un nouvel arrêté autorise l'endothérapie dans le cadre d'un dispositif expérimental.

La réalisation de ces traitements se trouve confrontée à des difficultés de mise en œuvre liée aux conditions d'application en milieu urbain. C'est pourquoi le ministère de l'Agriculture a finalement décidé d'autoriser l'injection (par endothérapie) d'un produit à base d'imidaclopride (Confidor Vert®) en traitement préventif (arrêté du 20 mars 2012) (1). Cette autorisation n'est permise que dans le cadre d'un dispositif expérimental mis en place sur les communautés d'agglomération de Toulon-Provence-Méditerranée et de Fréjus/Saint-Raphaël.

• Dispositif expérimental : protocole précis
L'endothérapie pourra être mise en œuvre sur les palmiers du domaine public ou de propriétés privées, mais pas sur les sites de production, de stockage ou de vente de palmiers. Elle sera appliquée par des applicateurs agrémentés, ayant signé un contrat avec la firme Bayer et ayant suivi une formation à la technique d'injection délivrée par la firme.
Une note de service parue le 23 mars 2012 au Bulletin officiel n° 12 du ministère de l'Agriculture décrit le protocole de mise en œuvre du dispositif (2) :
. 4 injections - dans le stipe - de 8 ml de produit pur (concentré soluble à base de 200 g/l d'imidaclopride) par application, réalisées dans l'année selon un calendrier défini (les dates de traitement devant coïncider au maximum avec les périodes de ponte de l'insecte) ;
. produit injecté à la pression de 1 à 2 bars à partir de 4 trous (diamètre 6-6,5 mm) répartis de façon hélicoïdale autour du stipe, tous les 25 à 30 cm, de 1,5 à 2 mètres au-dessous de la couronne de palmes et à différents niveaux ;
. trous percés avec le foret incliné légèrement vers le bas et à la profondeur nécessaire pour atteindre le centre du stipe (de 18 à 30 cm).

• Avis de l'Anses : « exposition négligeable... »
Saisie en février, puis en mars, par la Direction générale de l'alimentation (DGAL) d'une demande d'appui scientifique et technique sur le dispositif, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail a émis un avis : « Le mode d'application par injection de produits de traitement contre le charançon rouge dans le stipe du palmier est de nature à rendre négligeable l'exposition des personnes vivant ou circulant au voisinage des palmiers traités ainsi que l'exposition des organismes de l'environnement, notamment les pollinisateurs ».
Le suivi repose sur une observation visuelle raisonnée de la présence du ravageur, combinée avec un piégeage attractif, en assurant un respect rigoureux du calendrier de surveillance de l'état sanitaire des palmiers traités et de l'apparition des symptômes, et en assurant aussi la qualité des composants du système de piégeage.
Par ailleurs, les services de la DGAL ont mis en place une expérimentation en pépinière sur plusieurs années afin de recueillir, dans un cadre plus approprié, des données d'efficacité comparatives entre les traitements et sur les potentiels effets non intentionnels liés à ces traitements.

• Avis de l'INRA : bonne pratique = produit confiné
L'endothérapie possède, malgré tout, ses détracteurs, notamment soucieux des risques que cette pratique pourrait représenter sur l'environnement et la santé humaine.
Ce à quoi répond Michel Ferry, chercheur à l'Inra et spécialiste des palmiers : « Les blessures créées par la pratique de l'endothérapie comme par tout autre événement sont tout à fait capables de cicatriser chez les palmiers ». Une bonne pratique consiste à réduire au minimum le nombre de perforations à réaliser dans le stipe, d'où la recherche d'un insecticide à longue persistance d'action, comme l'émamectine benzoate (un an).
Mais c'est finalement l'imidaclopride qui a été retenu (45 à 55 jours de persistance d'action). Concernant la santé humaine, le chercheur précise : « Le gros avantage de l'endothérapie par rapport aux traitements par pulvérisation - actuellement autorisés - repose justement sur le fait que le produit utilisé est confiné dans la plante ».
Concernant les risques sur la faune, le dispositif d'utilisation de l'endothérapie prévoit par précaution l'élimination des inflorescences mâles.

• Plaquette d'information, aides de l'Europe
L'arrêté du 20 mars 2012 fait suite à la rencontre, en décembre dernier, avec le ministère de l'Agriculture, des professionnels de la filière palmier, des élus varois et de la Fredon Paca venus défendre l'endothérapie.
Outre le dispositif expérimental, deux autres propositions sont issues de cette rencontre :
. la réalisation d'une plaquette d'informations précisant les symptômes et les risques qui découlent de la maladie ;
. l'étude - par le ministère - de la possibilité de formuler une demande à la Commission européenne afin que le Var - qui compte entre 80 000 et 100 000 palmiers - soit éligible aux aides européennes dans le cadre de la lutte contre le charançon rouge.

• Mesures d'urgence pour situation grave
Comme le souligne Michel Ferry, « le recours à l'endothérapie n'est absolument pas proposé comme une pratique routinière prévue pour durer mais, au contraire pour (...) une durée très limitée pour faire face à une situation exceptionnellement grave.
(...) Une intervention massive et rapide est maintenant seule en mesure d'éviter une nouvelle vague d'explosion du charançon rouge du palmier (CRP). » Pour cela « il faut une forte durée d'efficacité de ces traitements et une facilité application ».

. Toute la boîte à outils...
L'endothérapie reste limitée à la zone du dispositif expérimental. En dehors de cette zone, les mesures prescrites dans l'arrêté du 21 juillet 2010 restent de rigueur :
. Le traitement s'effectue par pulvérisation des parties aériennes du palmier avec un produit à base d'imidaclopride, ou une préparation à base de nématodes entomopathogènes Steinernema carpocapsae.
. Les palmiers trop infestés doivent être abattus et incinérés.
. Certains palmiers moins atteints peuvent être assainis : les parties infestées sont éliminés mécaniquement, en veillant à préserver le bourgeon.
. Il existe un appareil de lutte généraliste contre les endophytes, et émettant des microondes (Ecopalm).
. Enfin, la surveillance s'effectue à l'aide de pièges à phéromones, kairomones et attractif alimentaire.
. Deux souches du champignon entomopathogène Beauveria bassiana font l'objet d'un dossier de demande d'autorisation au niveau de l'Union européenne par les sociétés NPP et Vegetech ; pour l'instant aucun produit n'est homologué en France.

. À noter : un colloque international...
Du 9 au 11 janvier 2013, l'Association française de protection des plantes organise un colloque international sur les ravageurs des palmiers Rhynchophorus ferrugineus et Paysandisia archon, à Nice.

 

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